Publié le 24 Avril 2013.
La Cité de l’Économie exposera un fac similé (don du « Myntkabinettet » de Stockholm) d’un des tout premiers billets de banque européens, le 100 dalers, émis en 1666 par la Banque de Stockholm.
Le billet de banque est apparu en Chine vers l’an 1000. En Europe, la première expérience de billets a eu lieu 600 ans plus tard, en Suède.
Dès le début du XVIIe siècle, aux Pays-Bas, des bons ont été émis par la Banque d’Amsterdam au profit des commerçants, contre dépôt d’espèces à la banque. Ces bons permettaient aux commerçants de procéder à des échanges entre eux sans avoir à transférer matériellement des pièces d’or ou d’argent, qui restaient en banque. Il ne s’agissait toutefois pas encore, à proprement parler, de billets de banque puisqu’ils n’avaient aucun impact sur la circulation monétaire : ils se substituaient simplement aux pièces mises en dépôt.
En Europe, le premier véritable billet de banque a été émis en 1661, par Johan Palmstruch, fondateur d’une banque privée bénéficiant d’un privilège public, la Banque de Stockholm : si le remboursement des billets en espèces continuait à être garanti par la banque, il n’y avait plus d’égalité stricte entre le montant des billets émis et celui des espèces déposées. En effet, Johan Palmstruch estimait improbable que tous les porteurs de billets demandent leur remboursement en même temps. Le billet de banque, moyen de paiement complémentaire des pièces, était né.
L’histoire monétaire de la Suède au XVIIe siècle explique, pour une large part, cette apparition relativement précoce du billet dans ce pays. L’abondance de la production nationale de cuivre, grâce aux mines de Falun, avait conduit le roi Gustave-Adolphe à émettre de grosses pièces de cuivre, les dalers. La concurrence du cuivre d’Extrême-Orient conduisit à une dépréciation du cuivre à partir du milieu du siècle. Pour maintenir la parité des pièces de cuivre avec les pièces d’argent, le gouvernement dût donc émettre des pièces de cuivre plus lourdes. Il en vint à faire forger d’imposantes plaques de cuivre, dont le poids pouvait atteindre plus de 19 kg pour les platmynt, qui valaient dix dalers d’argent. D’autres plaques, valant deux dalers d’argent, pesaient plus de 3 kg. L’encombrement et le poids de ces monnaies a évidemment favorisé leur dépôt par leurs propriétaires auprès des banques et l’émission par ces banques, dans un premier temps, comme aux Pays-Bas, de certificats de dépôts. Ces certificats deviendront des billets à part entière à partir de 1661, quand Johan Palmstruch décida de déconnecter le montant des billets émis par sa banque du montant des espèces déposées chez lui par ses clients.
Il ne reste aucun exemplaire des tous premiers billets de 1661. Quelques exemplaires d’une émission légèrement postérieure, de 1666, sont parvenus jusqu’à nous, dont le billet de 100 dalers.
L’émission excessive de billets conduisit toutefois, assez rapidement, à la faillite de la Banque de Stockholm. En 1668, une nouvelle institution, la Riksens Ständers Bank (Banque des États du royaume, qui deviendra ultérieurement la Riksbank, banque centrale de Suède), placée sous la tutelle directe du Parlement, fut créée pour la remplacer. Échaudée par l’expérience de la Banque de Stockholm, la nouvelle banque se garda cependant d’émettre des billets de banque jusqu’au début du XIXe siècle.
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